Est-ce que les fleurs d'un arbre donnent toujours des fruits?
Bonjour Mon épouse est institutrice (classe de CP) et j'ai pris en charge un atelier pédagogique sur le jardinage, avec un potager de 40m2 environ.
J'ai eu une remarque d'un enfant qui m'indiquait qu'il y avait dans sa résidence des arbres qui avaient des fleurs mais qui ne donnaient pas de fruits (pomme, marron, fruit du magnolia...). Je lui ai répondu que ce n'était pas possible. Mais, ce soir, je doute de ma réponse. Merci d'avance.
Une réponse
Un fruit est toujours issu d’une fleur, mais une fleur ne donne pas nécessairement un fruit et cela pour plusieurs raisons.
Il faut savoir que le fruit est le résultat du développement de la partie femelle (ovaire) d’une fleur fécondée (dans la majorité des cas). La fécondation consiste à ce que du pollen issu des étamines (partie mâle d’une fleur) parvienne sur le stigmate de l’ovaire d’une fleur de la même espèce. Ce pollen doit ensuite « germer » et parvenir aux ovules, qui donneront les graines.
Il peut exister selon les espèces de végétaux supérieurs 3 types de fleurs :
Des fleurs dites bisexuées comme ci-dessus, comportant les 2 types d’organe mâle et femelle : c’est le cas général de très nombreuses espèces : la tomate, le pétunia, le chêne, le rosier …
Des fleurs uniquement mâles (étamines sans ovaire) et des fleurs uniquement femelles (ovaire sans étamine ou étamines atrophiées). Ces fleurs différentes peuvent être sur la même plante (maïs) ou sur des plantes différentes (kiwi, asperge, Gingko, certains houx, les saules, l'argousier…). Dans ce dernier cas il y a des plantes mâles et des plantes femelles au sein de la même espèce qui est dite dioïque.
Les fleurs ne pourront donner de fruits dans les cas suivants :
Il s’agit de fleurs mâles d’une plante dioïque ; c’est aussi le cas des premières fleurs apparaissant sur un pied de melon (ensuite les autres fleurs seront bisexuées et donneront des fruits).
Le pollen n’est pas parvenu sur le stigmate de la fleur femelle pour différentes raisons (absence d’insectes pollinisateurs et/ou de vent qui favorise le transport du pollen, conditions climatiques défavorables au pollen)
Le pollen n’est pas compatible avec l’ovaire. En effet il existe des espèces qui s’auto-pollinisent en tout ou partie et d’autres où le pollen doit venir d’autres plantes d’une variété dite pollinisatrice ( au sein de la même espèce); ainsi la pollinisation croisée est obligatoire chez les chicorées et chez les espèces fruitières majeures de nos climats tempérés et leurs apparentées (pommier, poirier, prunier, cerisier, merisier). C'est la raison pour laquelle, dans les vergers de production, on utilise des variétés pollinisatrices ou que l'on réalise des plantations à deux variétés compatibles. De telles espèces, en situation isolée et en l'absence de pollinisateurs (abeilles par exemple) peuvent ne pas produire de fruits.
Les conditions climatiques sont défavorables à la croissance du pollen et à la fécondation des ovules (air trop frais ou gel) : bien que fécondée la fleur fanée chute sans donner de fruit
La plante peut réguler elle-même le nombre de fruits qu’elle peut porter et les tous jeunes fruits fécondés vont tomber naturellement (chute dite physiologique, fréquente sur pommier, poirier, pêcher…)
En horticulture, on a souvent sélectionné des variétés à fleurs dites doubles. Les pétales surnuméraires apparaissent, le plus souvent, au détriment des étamines. Privées de pollen, les fleurs ne peuvent ni s'autoféconder ni féconder d'autres fleurs, entrainant une stérilité forte. Beaucoup de rosiers, des viornes, les kerria, etc, sont dans ce cas.
Enfin on peut citer les cas où des fleurs donnent sans fécondation des fruits (dits pathénocarpiques) : banane, concombre de serre.