Bonjour, Comment détruire les mauvaises herbes sur une grande surface efficacement et sans produits chimiques ? Merci
Une réponse
Pour éliminer ce que l'on appelle désormais les "indésirables" sans avoir recours aux produits chimiques, il convient d'envisager deux situations:
Le sol est propre et sans mauvaises herbes y compris sans vivaces, notamment liseron, chiendent, chardon, potentille rampante, ortie, oseille... :
Dans ce cas, l’objectif est d’éviter que les dites indésirables ne s’installent. On peut y parvenir en utilisant une couverture du sol ne permettant pas à leurs graines de germer :
Mulch ou paillis divers en couche suffisamment épaisse (8 à 10cm) à base d’écorce de pin, d’aiguille de pin, de BRF (bois raméal fragmenté à partir d’élagage) : durée 2 ans avant de recharger la couche. Un entretien est indispensable, car le mulch fournit après quelques mois les conditions favorables à la levée des mauvaises herbes…
Film plastique polyéthylène noir : durée 2 à 5 ans selon la qualité et l’épaisseur. Ce film pour des raisons esthétiques peut être recouvert de mulch, de gravier et/ou de galets plus décoratifs. A la mise en place, il convient de percer régulièrement le film pour permettre la pénétration de l’eau de pluie.
Toile polypropylène verte, durée 3 à 6 ans. Plus résistante que le film polyéthylène, elle laisse passer l’eau de pluie. Idéale pour la mise en place d’un espace planté d’arbuste ou d’une haie, en particulier dans les espaces en pente, car l’entoilage assure la propreté du sol pendant la durée de l’installation des arbustes, avant qu’ils ne recouvrent totalement le sol.
Dans tous les cas, il n’y a rien de définitif et de parfait… Il faut s’attendre à voir revenir les indésirables par le biais du vent et des oiseaux, en particulier les vivaces citées plus haut. Elles finissent par trouver le peu de terre indispensable à leur levée : l’élimination sera alors forcément mécanique. (voir ci-dessous)
Le sol est envahi d’indésirables diverses.
Il est nécessaire de savoir s’il s’agit :
d'annuelles : séneçon, chénopode, euphorbe, amarante, pâturin, véronique, laiteron, pourpier…
Dans ce cas un bon binage avec un outil adapté à la surface à traiter (allant de la roto-bineuse au rotavator derrière tracteur) va rendre le sol propre très efficacement. Toutefois, si le sol est compact ou lourd, un léger labour (15cm) est nécessaire avant le binage. De même si les indésirables sont déjà grandes de plus de 30cm, un fauchage est nécessaire avant labour et binage. Chantier à faire en fin de printemps et en été.
Le brulage thermique au gaz peut être envisagé mais il n’est efficace que sur de très jeunes mauvaise herbes et nécessite du matériel professionnel spécialisé ;
Dans tous les cas, ceci n’a rien de définitif : à la prochaine pluie, de nouvelles graines vont germer (de façon imagée on parle de 99 couches de graines d’indésirables dans un sol… ). Ceci ramène donc à la situation N° 1.
de bisanuelles : carotte sauvage, pissenlits et autres astéracées ( ex composées) en rosette.
Après un fauchage, le labour à 20cm est nécessaire pour arracher les racines, qui, sinon, vont pouvoir repousser. Le labour doit être suivi d’un hersage pour achever de remonter les racines en surface et les laisser sécher. Enlèvement des déchets avant les pluies. Chantier à réaliser en fin de printemps et en été.
Ensuite un roulage peut être nécessaire et on revient à la situation N°1
vivaces citées plus haut, voire de ligneux sous forme de rejets (robinier faux accacia, érable, merisier, .. ) ou de buissons de ronce, églantine, prunellier...
Après un fauchage le plus ras possible ou un giro-broyage, réaliser un labour à 30cm en fin de printemps, puis des hersages successifs pour faire sécher les indésirables. Entre les hersages éliminer les déchets et les bruler. C’est la seule méthode pour se débarrasser du chiendent notamment. Un roulage est utile pour « rassoir » le sol avant de revenir à la situation N°1. Pour le liseron, si ceci permet de le réduire fortement, il n’est pas totalement éliminé et ressortira toujours. Si l’envahissement par du chiendent est important, cette opération doit être réalisée deux années de suite pour une élimination (presque) totale.
En conclusion, il est indispensable de bien savoir quelle est la destination future du terrain.
S’il s’agit d’avoir un espace vert propre, mais pas nécessairement d’un gazon fin, la pratique de la tonte rase et régulière va forcément éliminer de nombreuses indésirables, tout en maintenant une certaine biodiversité… et en évitant un long et pénible chantier de nettoyage.
En revanche s’il s’agit de préparer un terrain en friche en vue de créer un jardin, un nettoyage préalable et soigneux, qui peut s’étaler sur 2 ans, peut s’avérer nécessaire, évitant de sérieuses déconvenues ultérieures en matière d’entretien.
Ne pas oublier aussi que l’élimination des indésirables par voie mécanique a un très mauvais bilan carbone, car utilisant de l’énergie fossile, et cela en comparaison de l’emploi d’herbicides sélectifs ou non et même à répétition!