Nous constatons, actuellement, dans la région d'Orléans, une invasion de taupins sur les pommes de terre et maintenant les tomates. Quels sont les moyens de lutte, en dehors de la technique des appâts ?
Une réponse
Taupins
Il s’agit de coléoptères dont la larve jaunâtre appelée "ver fil de fer" en raison de sa dureté, vit dans le sol pendant 3 à 4 ans. Elle ravage les racines et rhizomes de nombreuses plantes cultivées, à commencer par la pomme de terre mais aussi la carotte, le melon, la laitue, le navet, l’artichaut, la tulipe, le dahlia, l’asperge, la tomate…
L’adulte peut voler de 1 à 2 km. Il ne fait pas de dégâts. Les femelles semblent rechercher les sols légers et ayant porté une prairie ou un enherbement quelques années auparavant. Les prairies sont un excellent refuge pour les taupins.
4 espèces principales existent en France du genre Agriotes : A. Lineatus, A. Obscurus , A. Sputator, présentes surtout dans la moitié nord, et A. Sordidus présente dans la moitié sud et dont le cycle est un peu plus court (18 mois à 2 ans). Toutefois, avec le réchauffement climatique, on constate que A. sordidus remonte largement dans le nord de la France depuis quelques années. Les 4 espèces ont été trouvées dans la vallée de la Loire, dont le Loiret. La distinction entre les espèces nécessite les compétences d’un entomologiste.
1=Agriotes sputator-2=Agriotes lineatus-3=Agriotes obscurus 6-10 mm,
Agriotes sordidus
La lutte reste très difficile, surtout pour un jardinier amateur !
Des mesures de prévention sont indispensables mais ne peuvent suffire :
ne pas replanter de 4 ans une parcelle où des attaques ont eu lieu, compte tenu de la durée de vie des larves de taupins,
éviter les parcelles d’ancienne prairie naturelle ou semée et les parcelles situées à proximité d’une prairie.
La lutte chimique n’est que partiellement efficace. En effet le seul produit autorisé dans la gamme « jardin » est le chlorpyriphos-éthyl 5% en localisation à la plantation. Le produit va protéger les tubercules plantés. Mais la durée d’action de ce produit n’est pas assez longue pour protéger les jeunes tubercules formés destinés à être récoltés.
Les pièges attractifs des larves (pot enterré au ras du sol avec de la vermiculite et pour appât, du blé, du maïs ou des morceaux de pomme de terre) ont une efficacité quasi nulle et permettent seulement de détecter la présence de taupins dans la parcelle
La protection biologique est possible grâce à la méthode du piégeage massif des adultes, en utilisant des phéromones sexuelles spécifiques des taupins. Sa pratique n’est pas à la portée de l’amateur cultivant sur une petite parcelle, même de plusieurs ares. En effet, tout comme pour la confusion sexuelle (qui ne peut fonctionner sur taupins), il est nécessaire de couvrir une zone assez vaste (au moins 1 ha), afin d’éviter que des femelles fécondée hors de la zone viennent pondre dans la parcelle. Les pièges à phéromones captent les males (et curieusement une petite proportion de femelles). De plus, avec le risque de 4 espèces d’Agriotes, il faut placer des pastilles d’hormones spécifiques de chacune des espèces. On trouvera sur Internet des fournisseurs des 4 hormones spécifiques (taper « taupins phéromones » dans la barre du moteur de recherche). Le cout n’est pas anodin (70 € la plaquette de 10 pastilles d’une seule hormone). Les pièges sont à disposer en quadrillage de 25 m de coté, un piège à chaque angle, chacun sur une petite zone dégagée et maintenue humide. Renouveler les pastilles tous les 30 à 40 jours. Cette méthode ne pourrait être envisagé que dans une zone de jardins amateurs regroupés (jardins partagés, jardins ouvriers…) de façon à couvrir collectivement une surface suffisante.
Piège à phéromone pour taupin
L’emploi de purins de plantes et notamment du purin de fougère est parfois recommandé. Les résultats d’efficacité restent contradictoires et ne présentent donc aucune garantie