Une analyse de sol indique un pourcentage de calcaire (ici, c'est 0,5%). Elle indique également la répartition entre argile, limon, sable et matière organique. Est-ce que le calcaire vient en plus (sous forme de roche, de cailloux ?) ou est-ce qu'il est compris dans les précédents chiffres (c'est-à-dire y a-t-il de l'argile calcaire, du sable calcaire, etc ?)
Ce calcaire a-t-il une influence sur le pH du sol et à partir de quel pourcentage peut-on dire que le sol est plutôt alcalin ?
Une réponse
Dans une analyse de sol de base, sont données les principales caractéristiques physico-chimiques d'un sol, en particulier la granulométrie et le caractère plus ou moins basique ou acide (mesuré par le pH).
La granulométrie donne la répartition des constituants d'origine minérale, en distinguant les éléments grossiers (>2mm) des éléments fins, eux-mêmes répartis en sables, limons et argile (éléments les plus fins <2 microns). Selon l'importance relative d'une de ces catégories, on distinguera les sols sableux des sols limono-argileux ou argileux.
Selon l'origine géologique de ces constituants, ceux-ci seront ou non calcaires, c'est-à-dire constitués de carbonate de calcium. Ainsi, par exemple, les sols issus de roches schisteuses ou granitiques (Massif Armoricain par ex) sont non calcaires, contrairement à ceux issus de dépôts marins (Bassin parisien, Jura, Pré-Alpes par ex). Par ailleurs, un sol non calcaire au départ peut le devenir plus ou moins par des apports réguliers d'amendements calcaires (le plus souvent à base de chaux), ce qui est régulièrement pratiqué par les agriculteurs. Quand un sol contient moins de 5% de calcaire total, ce qui semble être le cas de votre sol (0,5%), il est considéré comme non ou très peu calcaire.
Cette faible teneur en calcaire a pour conséquence un faible taux de calcium, ou plus exactement d’ions Ca++ (élément minéral chargé positivement, dénommé cation). Or ce cation calcium est très important pour l’équilibre physico-chimique du sol, en particulier la valeur et stabilité du pH. Sans entrer dans les détails, il faut savoir que les argiles et l’humus du sol, en présence d’ions calcium, forment des agrégats (constituant le complexe argilo-humique), capables de retenir à leur surface une plus ou moins grande quantité de cations (H+, et des cations nutritifs pour la plante comme Mg++, K+, NH4+,…). Cette capacité du complexe argilo-humide à retenir des cations s’appelle la capacité d’échange cationique (CEC) qui peut se mesurer en laboratoire. L’intérêt de cette CEC est qu’elle permet un stockage temporaire des cations dans le sol (et donc constitue un réservoir nutritif pour la plante) et un échange permanent (en présence d’eau) entre les différents cations, avec un effet important sur le pH.
Quand la CEC est essentiellement constituée d’ions H+, le sol a un pH inférieur à 7 ; il est donc acide. Inversement, quand elle est saturée de cations comme Ca++, Mg++, le pH peut être élevé (voisin de 8) ; le sol est alors très alcalin. On voit donc bien la relation entre teneur en calcaire d’un sol et son caractère plus ou moins acide ou basique ; mais attention, il faut aussi que le calcaire du sol donne réellement des cations Ca++. Cette possibilité est surtout liée à la taille des éléments calcaires, donc à leur granulométrie. Pour influer rapidement sur le pH, ces éléments doivent être fins. C’est la raison pour laquelle les agriculteurs qui souhaitent « remonter » le pH de leur sol, y incorporent des amendements calcaires sous forme de poudre.
Dans cette chimie complexe du sol, tout est donc affaire d’équilibre. Idéalement, il faut des argiles, suffisamment de matière organique pour renouveler le stocks d’humus et tout un ensemble de cations, dont principalement du calcium, le pH ainsi obtenu étant généralement compris entre 6,5 et 7,5.