Je ne comprends pas le texte dédié à la pollinisation des pruniers. Qu'est-ce qu'un arbre auto-fertile ? Pourquoi un prunier ne produit qu'une année sur deux ? C'est une moyenne ou bien c'est systématique ? Pourquoi 5 à 10 % des fleurs donnent des fruits ? Donc si l'abeille ne vient pas visiter la fleur et si le vent ne fait pas le travail, je pourrais agir avec un petit blaireau ? Où trouver une information complète sur ce sujet ?
Une réponse
Une variété fruitière autofertile est une variété dont les étamines des fleurs contiennent du pollen capable de féconder les ovules de ces mêmes fleurs; on dit que la variété est auto-compatible. Une variété fruitière autostérile est une variété dont les étamines des fleurs contiennent du pollen incapable de féconder les ovules de ces mêmes fleurs; on dit que la variété est auto-incompatible - dans ce cas il sera nécessaire d'associer à la variété autostérile A une autre variété B dont le pollen sera capable de féconder les ovules de la variété A et réciproquement; pour cela il faudra que les époques de floraison coïncident. La fécondation des ovules par le pollen permet la formation de l'embryon - contenu dans le pépin ou le noyau - puis la formation du fruit entourant pépins ou noyau.
Ce sont les abeilles qui permettent la fécondation par le transport du pollen - au sein de la même fleur pour les variétés autofertiles, de la variété B vers la variété A (et réciproquement) pour les variétés autostériles. Le nombre de fleurs sur un arbre fruitier est en général considérable (10 000 fleurs sur un pommier âgé de 20 ans - ordre de grandeur); on n'imagine pas 10 000 fruits sur un seul pommier ! En fait un grand nombre de fleurs ne donneront pas de fruit, soit parce qu'elles n'auront pas été pollinisées, soit parce que les jeunes fruits auront chuté de façon naturelle ou provoquée - voir par exemple les pratiques d'éclaircissage sur le pommier. Si les conditions climatiques font que la variété fruitière portent jusqu'à maturité un nombre de fruits en excès, des phénomènes hormonaux empêchent la mise à fleurs des bourgeons: la variété fruitière sera dépourvue de fleurs le printemps suivant ou n'en portera qu'un nombre très réduit par rapport à une année normale; on dit que la variété alterne, ou produit une année sur deux - mais ce n'est pas systématique sauf cas particulier comme le pommier à cidre. On peut bien sûr apporter du pollen sur les stigmates du style de la fleur avec son doigt, un pinceau voire un petit blaireau !
Prenons maintenant le cas particulier du prunier domestique. La moitié des variétés cultivées de prunier sont auto-incompatibles (ou autostériles) : la fructification n'a lieu que si le pollen venant d'une autre variété se dépose sur le stigmate de leurs fleurs. Exemples : 'Reine Claude verte', 'Reine Claude dorée' - ces 'Reine Claude' peuvent présenter le phénomène d'alternance de production.
Il existe des variétés auto-compatibles (ou autofertiles), capables de donner une fructification abondante par autofécondation. Exemples : 'Quetsches d'Alsace', 'Reine Claude de Bavay', 'Stanley'.
La variété 'Reine Claude d'Oullins' est une très bonne variété pollinisatrice.
Complément de réponse:
Ceci est très important pour déterminer les variétés à planter dans un même verger. Il ne suffit pas de planter plusieurs variétés car si elles sont incompatibles entre elles, il n’y aura pas fécondation donc pas de fruits. Je vous joins le tableau de variétés pollinisatrices.
En général, Quetsche, Ente et Reine Claude dorée sont de bonnes pollinisatrices.
Variétés auto fertiles :
Anna Späth, Belle de Louvain, Double Robe, Early Laxton, Lorida, Opal, Primacotes, Prune d’Ente, Quetsche commune, Quetsche d’Ersinger. Reine Claude de Bavay, Reine Claude d’Oullins, Reine Claude tardive de Chambourcy, Reine Claude de Vars, Stanley, Tardicotes, Victoria.
On pourrait rajouter ce tableau un peu plus pratique: un petit tableau récapitulatif sur la pollinisation des pruniers. Que faut-il planter avec la Reine claude ou la Quetsche ?
Vous voyez que même avec un petit ou un grand blaireau vous n’aurez pas forcément des fruits !
Beaucoup d’arbres fruitiers sont alternants c’est-à-dire qu’ils produisent une année sur deux en conditions normales. C’est physiologique car les fleurs apparaissent sur du bois de l’année précédente et l’arbre qui produit du fruit ne peut pas former du bois pour des fruits de l’année suivante. On n'y peut rien si ce n’est essayer de créer des variétés moins alternantes. Les mirabelles sont très alternantes, les Reine Claude sont moyennement alternantes.
Cela n’a rien à voir avec la pollinisation (auto fertile ou auto-incompatible). C’est un tout autre phénomène. La fécondation peut être tributaire de beaucoup d’autres éléments : climatiques (gel, pluie sur la floraison), parasitaires ou du sol.
Cela veut dire que vous pouvez avoir 2 ans sans fruits (1ère année d’alternance, 2ème année de gel….).
Même si la fécondation est bonne, il y a toujours une chute de fruits (chute physiologique, fruit peu développé, jaunissant) c’est l’éclaircissage naturel.
Dans le cas que vous citez 5 à 10% de fleurs ont donné des fruits, les causes peuvent être multiples :
pollinisation mauvaise car variété pollinisatrice pas adaptée
pollinisation mauvaise car temps froid et peu d’insectes pollinisateurs actifs
pluie importante au moment de la floraison
ne pas traiter sur la floraison, certains produits provoquent la chute des fleurs
parasitisme important provoquant la chute des fleurs
ALTERNANCE car ce n’est jamais 100%. Sur mirabelle de Nancy très alternante il y a toujours quelques fruits l’année d’alternance.
arbre trop jeune, mise à fruit à 5-7 ans suivant les variétés et suivant les porte-greffe utilisés
arbre trop vigoureux car porte-greffe mal adapté ou sol trop riche...
Mais la culture du prunier est l’une des plus facile dit-on.
Les livres traitant de l’arboriculture fruitière sont nombreux et quelques livres parlent spécifiquement du prunier mais je dois dire que la partie « pollinisation » est souvent peu développée.
Quelques livres mais ce n’est pas exhaustif :
ARBORICULTURE PRATIQUE : REPRODUCTION - FORMES - TAILLE - ENTRETIEN - CUEILLETTE ET CONSERVATION DES FRUITS de TRONCET L.J. / DELIEGE (2013)
Arboriculture fruitière de Léon Bussard (1 février 2011)
Le traité rustica des arbres fruitiers de Daniel Brochard et Jean-Yves Prat (16 septembre 2005)
L'arboriculture fruitière : planter, tailler, greffer de Gabriel Darrault (1999)
Les fruits à noyaux. Pêcher, prunier, cerisier, amandier, abricotier, cornouiller de EVREINOFF V.-A / RAWITSCHER Georges (1945).
Alors bonne récolte de prunes pour les confitures, les tartes et autres…